C'est l'été, il fait beau, les oiseaux chantent, les rooftops sont légion et Longchamp est de moins en moins bondé (même s'il parait que la Garden Party était remplie). La plupart de tes potes sont en vacances, et même s'ils sont en stage, cela ne les empêchera pas de répondre à l'appel d'une petite soirée détente. Allez, juste un verre. C'est même l'occasion de revoir tes compagnons de beuverie du lycée : vous vous retrouvez deux fois par an, et à chaque fois vous vous rendez compte que vous faites d'aussi bons adultes que Marc Dutroux ferait un bon éducateur de colo. En bref, les occasions ne manquent pas pour sortir, t'aérer l'esprit, te laisser aller, et bien entendu laisser ton foie faire trempette dans le rosé ("Eh, Jean-Donatien, il fait chaud, il faut s'hydrater !" ne fait toujours rire personne).
Oui mais voilà, c'est déjà ce que tu faisais trois jours sur sept au cours de l'année qui vient de s'achever. Instagram, la flemme ou l'alcoolisme, tu ne sais plus trop qui accuser pour tes résultats clairement décevants. Et si c'était toi, la seule raison de ton échec universitaire ? Car oui, cette année encore, tu devras attendre un peu avant de payer ta contribution CVEC et de choisir tes horaires de TD (as-tu au moins compris que si tu avais validé ton année, tu n'aurais pas à tirer à pile ou face entre les TD de 7h45 et ceux de 22h ?).
Oui, vraiment, les rattrapages, quel enfer. Mais tu sais que tu ne passeras pas trois mois à réviser. Tu peux donc, sans te sentir coupable, sortir, t'amuser, et voyager de l'Ile de Ré à la Crète, en passant par Bayonne et la Croatie. En effet, tu es un jeune assassien dynamique, tu n'as pas le temps de visiter les Hauts de France, et la Côte d'Azur est bien trop surcotée pour toi. Consciencieux, tu t'es prévu un planning de révision strict, mais pas trop ambitieux, un programme des plus équilibrés, rigoureusement étalé sur les trois semaines précédant la terrible session de septembre. Et pourtant, cette session de septembre te ronge.
Tu sais au fond de toi que tu ne respecteras pas tout à fait ce cher planning. Et même si tu le respectais à la lettre, trois semaines pour revoir un semestre de cours, si ce n'était pas suffisant ? Alors à peine le mois de juillet achevé, tu angoisses déjà, tu y penses presque chaque jour, tu commences à culpabiliser, te refusant peut-être même à savourer pleinement le peu de temps qu'il te reste en vacances.
Avant que tu ne te le demandes, non, tu ne les mérites pas vraiment. Mais puisqu'elles te sont gracieusement accordées, ce serait idiot de ne pas en profiter. Tu seras bien plus frais au moment de reprendre tes fiches de cours, que tu n'avais d'ailleurs pas jetées, "juste au cas où".
Car oui, au fond de toi, tu te doutais bien qu'une nuit blanche juste avant chaque épreuve en juin ne suffirait pas. A l'annonce des résultats, tu étais évidemment déçu, mais pas si étonné que ça. Depuis cette annonce d'ailleurs, pas loin de dix personnes t'ont partagé leur expérience de la fois (ou les fois, on ne juge pas tes potes) où ils ont dû retourner sur les bancs déchirés du grand amphi au mois de septembre. Certains t'ont dit que c'est un enfer, que tu seras sous-noté. Certains t'expliquent que ce n'est pas si difficile : tu vois, ils avaient neuf matières à rattraper mais ils ont fini à 11,2/20. Le mieux reste encore de ne pas prêter attention à tout ce que tu entends. Si tu ne valides pas, que risques-tu ? Tes parents t'expulseront et tu devras écouter Boom boom tam tam jusqu'à la fin de tes jours, voilà tout.
D'ici fin août, prends du bon temps, puis plonge toi profondément dans les cours que tu n'as, pour certains, même pas fini de lire en juin. Et à nous, il ne reste plus qu'à te souhaiter bon courage. On pensera à toi depuis l'Oktoberfest de Munich. Car oui, étonnamment, pour nous, c'est validé !
Pâris MILTIADES,
Administrateur de la Corpo Paris II,
Rédacteur du Canard d'Assas